Ademonein

Ademonein

Article commencé le 17 juin 2023. 
Deux mois plus tard, après des menaces de mort et de coups proférées par le père de mon fils, devant lui et témoin, je prenais mes premiers anxiolytiques et anti-dépresseurs. 


La difficulté, quand on souhaite parler d’anxiété en en souffrant soi-même, c’est de trouver un moment où on se sent moins vulnérable, un moment où on sent qu’on a le recul émotionnel nécessaire pour ne pas être submergé, une fois les pages écrites ou la discussion finie, par tout ce que l’on a pu déverser.

Ces moments deviennent rares.
Dans mon journal papier il m’arrive d’éviter d’en parler pendant des semaines. La fuite, à défaut d’autre chose, est la seule parade dont je dispose pour ne pas me laisser engloutir entièrement.

Les sujets de mes anxiétés me sont bien précis, je sais très exactement pourquoi elles sont là, parfois je sais un peu à l’avance quand elles vont se manifester (corporellement on sent venir la période “down”).
Savoir ne veut pas pour autant dire guérir.

Présentement – juste pour donner un petit état des lieux – j’en suis toujours à me demander si je dois être médicamentée ou non. Cela fait des mois que je tourne en rond sur cette question, incapable de faire un pas en avant. A chaque rdv du psy j’oublie totalement d’aborder le sujet, cela ne revient que quelques jours plus tard. Je crois que j’ai plus peur d’entendre que je n’en ai pas besoin que le contraire. Cela signifierait que je peux m’en sortir sans, et que donc, jusqu’ici, je ne me suis pas assez battue, alors que je me sens si épuisée.
Une mécanique de paralysie très familière.

La paralysie, justement, c’est ce que je ressens la plupart du temps. L’incapacité totale de penser, réfléchir, parce que mes angoisses tournent en boucle et font effet boule de neige de scénarios en scénarios (catastrophes, bien évidemment). La suffocation s’invite, respiration HS, et impression d’être entrain de se noyer de l’intérieur.

J’ai beau savoir que tout cela est normal et une continuité logique de mon histoire personnelle, la culpabilité est immense, infinie.

1. L’anxiété sociale.
J’englobe dans ce terme, tout ce qui fait notre société. Les réseaux sociaux, les combats sociaux, les bases patriarcales (comportements sociaux, dictats, famille..).
2. L’éco-anxiété, qui ironiquement, s’aggrave aussi avec ma formation.
3. Parentalité solo.

Avec une myriade de sous branches dans chaque partie. J’étais même tentée de faire un énorme graphique mais le courage me manque pour le moment. Ceci dit ça pourrait être fun d’avoir une représentation visuelle de tout ce qui se recoupe.

Ce ne sont pas mes anxiétés qui me font si honte car j’ai du mal à imaginer comment on peut vivre dans notre monde sans en avoir mais plutôt les conséquences qu’elles induisent, et comment elles m’éloignent de moi-même. Ces sensations de ne plus s’appartenir, de s’éloigner progressivement de soi, de n’être que le jouet de ses peurs et angoisses. Cet immobilisme quasi permanent, ce freeze physique et mental qui rend complètement fou. J’ai plus d’une fois pensé que ça y’est j’étais entrain de perdre la tête. Que j’allais définitivement péter un plomb et que je serai bonne à faire enfermer, nourrie de cachetons et glissant lentement vers l’énergie d’un légume.

Si je ne suis plus les comptes parlant d’anxiété sur Instagram c’est pour une raison bien simple : la lecture des commentaires est affreusement culpabilisante.


Reprise de l’article aujourd’hui, je ne sais plus ce que je voulais dire pour la dernière phrase mais je la laisse tout de même.
Je ne me souvenais pas d’avoir écrit tout cela. Très ironiquement, peut-être, j’écris peu sur tout ce qui me traverse. Sans doute la peur d’écrire encore et toujours les mêmes choses a fini par me dégoûter de moi-même. 

Ce sont les anxiolytiques qui m’ont fait réellement comprendre à quel point j’étais épuisée physiquement et mentalement. Les prendre a été salutaire. J’ai dormi, beaucoup, et lorsque les dialogues mentaux ont cessé de me lacérer le cerveau petit à petit j’ai pu me rendre compte du cauchemar dans lequel je vivais tous les jours. 
Redevenir calme était nouveau, avoir une distanciation émotionnelle sur ce qui était grave je ne l’avais jamais ressenti ; j’ai arrêté de fixer le mur pendant des heures, complètement figée dans ma tête et mon corps, j’ai arrêté de me recoucher lorsque mon fils était parti à l’école, j’ai commencé à prendre des décisions. Tout cela était devenu parfaitement impossible et tant d’autres choses qu’il serait inutile d’énumérer.

Je n’ai eu aucun problème pour les arrêter. Je continue toujours les antidépresseurs qui restent pour le moment indispensables. Parfois je me surprends à me dire “il faudrait que je dise à la doc que j’aimerai commencer à les diminuer”  mais, ma vie étant un parcours en montagnes russes constantes je ne suis pas sûre que cela soit très sage. 
Arriver à les arrêter prenait une forme de défi, j’allais quand même pas passer le reste de ma vie à bouffer des cachetons merde. Je voulais me prouver que je pouvais y arriver sans, que j’étais plus forte que ça, que j’avais pas échoué.

Maintenant je regarde cette pensée qui ne veut plus dire grand chose : le principal c’est de rester en vie non ? Si je dois avaler 2, 4, 6 médocs par jour pour y arriver, qu’est-ce que ça peut bien faire ?

Vivre jusqu’à la ligne d’arrivée, ce sera ça ma victoire. 


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